Puisque nous avons abordé certaines des maladies cardiovasculaires les plus courantes dans notre dernier article, nous avons pensé qu'il serait intéressant de revoir comment elles étaient traitées auparavant.
La recherche médicale et les recommandations pratiques qui en découlent évoluent ; sans surprise, les traitements de l'hypertension ou de l’infarctus du myocarde étaient bien différents dans les années 50.
Nous allons aborder trois acronymes fondamentaux, l’HTA , l’AVC et l’IdM, et examiner l’évolution de leurs prises en charge grâce à la recherche et au développement médicaux.
La prise en charge de l’HTA a énormément varié au fil du temps. Présumée innocente et anodine, elle est devenue le “tueur silencieux”, jusqu’à être traitée en excès.
Dans les années 1940, l'hypertension n’avait pas encore gagné son titre de maladie et faisait partie de la vie courante. On traitait les symptômes avec des barbituriques et des massages. Les éventuels traitements médicamenteux de l’HTA comprenaient les thiocyanates (qui ne sont plus utilisés aujourd'hui en raison de leur toxicité) et le bismuth.
Dans les années 1950, il n'était conseillé de traiter l'hypertension que si les patients présentaient des symptômes, notamment des douleurs thoraciques.
Un grand bouleversement s’est opéré dans les années 1960 et 1970, notamment grâce à la célèbre étude de Framingham objectivant le lien entre hypertension et maladies cardiovasculaires. A cette époque, le développement des bêtabloquants tels quel le propranolol a aussi révolutionné le traitement direct de l’HTA
Aujourd'hui, l'objectif est de prévenir ou réduire les effets de l'hypertension. Au fil des décennies, de nombreuses études ont exploré les bénéfices de l’exercice physique, d’un régime hyposodé et des différentes classes médicamenteuses sur l’HTA.
Les objectifs tensionnels ont également changé avec le temps ; les dernières recommandations de bonnes pratiques s’accordent sur 120/80. Des chiffres supérieurs requièrent un ajustement hygiéno-diététique.
Au delà de 140/90, un traitement médicamenteux est indiqué.
Ces directives divergent nettement des prises en charge des années 50 ; la mesure de l’impact de l’HTA sur la santé et l’évolution des modèles scientifiques ont nécessité des décennies.
Chaque année, 15 millions de personnes dans le monde sont victimes d’un AVC ; il s’agit d’un problème de santé publique mondial.
Dans les années 1970-1980, le traitement de l'AVC s'axer sur les symptômes, déficits moteurs et troubles du langage notamment, et sur la récupération (éventuelle) des pertes de fonction. Stopper la progression des lésions ou identifier le type d’AVC ne figuraient pas sur le cahier des charges du médecin urgentiste. De même, l'imagerie était secondaire ; différencier un AVC ischémique d'un AVC hémorragique n'affectait pas sa prise en charge.
Mais à la fin des années 80, la production artificielle d’activateur tissulaire du plasminogène (mieux connu sous le nom de tPA) par génie génétique révolutionne le traitement initial des AVC ; si une cause ischémique est suspectée (et 80 % des AVC sont ischémiques), le tPA est administré en urgence pour dissoudre le thrombus.
L'avènement de la thrombolyse a réduit la mortalité liée aux AVC de 42 % à 10 ans (si le traitement est effectué dans les trois premières heures).
Par ailleurs, lorsque les chercheurs ont découvert le lien entre temporalité et chances de récupération, de nombreuses campagnes publiques sur la réduction du délai entre détection de l'AVC et intervention ont vu le jour. Vous souvenez-vous du slogan “AVC : chaque minute compte” ? L'American Heart Association va plus loin : "Le temps perdu, c'est du cerveau perdu" (time lost is brain lost).
Les avancées scientifiques concernant l’AVC ont radicalement changé la façon dont nous les traitons. De traitement symptomatique nous sommes passés à urgence thérapeutique.
Terminons notre retour dans le temps avec l’infarctus du myocarde, alias crise cardiaque. Dans les années 1950, aucun traitement n’existait. Les médecins donnaient de la morphine pour la douleur et croisaient les doigts pour que le patient ne passe pas en ACR.
Si un patient, même jeune, mourait d'un IdM, on considérait la mort comme naturelle et, malheureusement, courante.
Mais, à mesure que la recherche identifiait les dangers du tabac pour la santé cardiovasculaire, nous avons songé à arrêter de fumer, réduisant les crises cardiaques liées à la consommation de cigarettes.
De plus, le développement et l’amélioration continue des protocoles de RCP ont permis de réduire la mortalité liée aux arrêts cardio-respiratoires.
Développés dans les années 1970, les défibrillateurs ont encore augmenté le taux de survie après un événement cardiaque.
Autrefois, un patient victime d’IdM se voyait prescrire du repos et une éviction des activités physiques intenses. Aujourd’hui, nous savons que l’exercice aérobie réduit le risque de nouvel IdM et tout patient coronarien a sa trinitrine à portée de main.
Sur le plan chirurgical, les années 1960 ont vu les premiers pontages aorto-coronarien (PAC). La recherche a prouvé que les PAC améliorent la survie à long terme en prévenant les récidives.
Le développement des défibrillateurs et des pontages, la trinitrine, la sensibilisation de la population générale sur le tabac, l’activité physique, l’alimentation : tous ont drastiquement amélioré la survie des patients aujourd'hui.
A l’évidence, détection, traitement et prévention des MCV ont drastiquement évolué au cours du temps.
Bien qu’elles soient toujours la première cause de mortalité dans le monde, ces chiffres seraient bien plus élevés sans les chercheurs et leurs efforts. Cette recherche continue d'être menée chaque jour dans le monde entier pour de meilleurs traitements et une meilleure compréhension des maladies cardiaques.
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